Comment voyager sereinement avec un tout-petit (0 à 3 ans) ?


Bonjour, vous partez bientôt ? Et vous vous posez beaucoup de questions ?

Après de nombreux voyages avec mes enfants, et un tour du monde en famille pendant un an, j'ai rassemblé dans le livre "Voyager avec bébé" les réponses et les conseils utiles pour que chaque parent puisse rapidement mieux voyager avec ses bambins.

Ce blog est mon atelier d'écriture. Si vous n'êtes pas trop pressé, je vous invite aussi à le visiter et y participer. J'y ai pris des notes pour la préparation de certains chapitres du livre. Vous y trouverez en outre des articles sur des sujets connexes à ceux traités dans le livre, quelques récits de mes voyages, ainsi que ceux d'autres parents ou contributeurs invités.

17 oct. 2016

Paludisme : comment éviter les zones à risques avec son bébé ?

Voyager sous les tropiques, on en rêve tous. Cependant, avec des enfants en bas âge, on préfère aussi éviter les zones à risque de paludisme. La situation est parfois complexe à l'intérieur de certains pays : certaines zones sont touchées et d'autres peu ou pas du tout. D'où le besoin de procéder à des vérifications et de bien choisir son itinéraire. Nous verrons donc dans cet article tout ce qu'il faut savoir pour voyager à des latitudes tropicales tout en évitant les zones à risque.

En tant que parents de jeunes enfants, on voyage de manière plus responsable et prudente que sans. On se pose plus de questions aussi. Cela vaut mieux pour la santé de nos enfants, et ça nous ouvre aussi au passage les yeux sur des réalités qu'on avait jusqu'ici survolées ou ignorées. Cependant nous sommes aussi souvent plus contraints par le temps que la plupart des gens.

Personnellement j'ai été assez frustré par la difficulté de rassembler des informations fiables pour comprendre les risques liés au paludisme en voyage. Plus encore, il m'a semblé difficile pour n'importe quel parent de trouver rapidement les réponses aux questions qu'on se pose en premier lieu et qui tiennent compte spécifiquement de nos préoccupations. Ainsi ce que vous voulons généralement c'est apprendre à évaluer et éviter les risques pour nos voyages, avant d'aller éventuellement plus loin dans la connaissance de la maladie, des traitements, des politiques, ou encore des perspectives de la recherche médicale, qui sont certes aussi des sujets intéressants, mais dont l'usage que nous ferons peut-être un jour dans le meilleur des cas, sera certainement moins directement liés à nos projets de voyage.

Sommaire de cet article :
Quels sont les grandes régions touchées par le paludisme ? Vision globale et tendances
Comment accéder à une information géographique plus détaillée sur les risques de paludisme ?
Autres facteurs géographiques à connaître concernant le risque de paludisme

Quels sont les grandes régions touchées par le paludisme ? Vision globale et tendance

Le paludisme est une maladie présente en 2016 dans 95 pays dans le monde (sur les 196 pays reconnus internationalement aujourd'hui) - Source OMS  principalement en zone inter-tropicale et sur tous les continents (sauf Europe) - Ces pays représentent 40% de la population mondiale (3 milliards de personnes). Ces pays sont  également visités par plus de 125 millions de voyageurs internationaux chaque année (sur un peu plus d'un milliard de voyageurs internationaux par an).


OMS - Vue globale du paludisme dans le monde

Ces chiffres mondiaux cachent cependant de fortes disparités par continent et à échelle locale. En 2015, la plupart des cas ont été enregistrés dans la région Afrique (88 %), loin devant la région Asie du Sud-Est (10 %), la région Méditerranée orientale (2 %), et la zone Amériques ou Pacifiques (moins de 1%). Source OMS

Pays où la transmission du paludisme est active - 2013
En point positif, on retiendra la tendance globalement à la baisse de l'incidence de la maladie dans le monde. Selon l'OMS, en 2000, la transmission du paludisme était active dans 106 pays et territoires, contre 95 à la fin 2015. En tenant compte de la croissance démographique, l’incidence du paludisme aurait diminué de 37 % au niveau mondial entre 2000 et 2015, et la mortalité associée de 60 %. 57 pays ont réduit de 75 % le nombre de cas de paludisme au niveau national. La cible de l’Objectif du Millénaire pour le Développement visant «à avoir maîtrisé le paludisme d’ici à 2015 et commencé à inverser la tendance » a ainsi été atteinte.

De plus en plus de pays ont progressé vers l’élimination du paludisme. Alors que seuls 13 pays rapportaient moins de 1 000 cas de paludisme en 2000, ils sont 33 en 2015. Par ailleurs, en 2014, 16 pays ont recensé zéro cas de paludisme indigène : Argentine, Arménie, Azerbaïdjan, Costa Rica, Émirats arabes unis, Géorgie, Iraq, Kirghizistan, Maroc, Oman, Ouzbékistan, Paraguay, Sri Lanka, Tadjikistan, Turkménistan et Turquie.

La réalité et les chiffres concernant la morbidité de la maladie restent cependant tragiques. Au global, selon les dernières estimations de l’OMS, publiées en décembre dernier, on a compté en 2015, encore 214 millions de cas de paludisme et 438 000 décès. 90% de ces décès ont lieu en Afrique et plus des deux tiers dans la tranche d'âge 0 à 5 ans.

L'objectif de l'OMS à horizon 2030 est de réduire de 90% l'incidence de la maladie.

Voilà donc pour la vision globale et actualisée à très grands traits.

Il est intéressant de prendre aussi connaissance de quelques chiffres sur le risque plus spécifiquement liés aux voyageurs français : en 2011, on comptait 3.569 cas de paludisme d'importation (retour en France de voyageurs ayant contracté la maladie à l'étranger), 7 % d'accès graves dont 4 décès au total. Les contaminations en Afrique représente près de 93 % des cas. Quatre pays représentent plus de 60 % des cas : Côte d'Ivoire, Cameroun, Comores, Mali. 
Source : un article très bien fait de la CFE (Caisse des français à l'étranger) sur le paludisme

Petite piqûre d'histoire utile à propos du paludisme en Europe (source Wikipedia) : la géographie du paludisme évolue en effet selon les époques et jusqu'au XIX siècle, des épidémies de paludisme pouvaient se produire jusque dans le nord de l'Europe. La régression du paludisme en Europe et en particulier en France est principalement due à l'assèchement des marais, au drainage des zones humides et à l'augmentation du niveau de vie. On peut donc se réjouir de pouvoir aujourd'hui voyager en Europe sans risque de paludisme.

Au passage pour votre culture générale, notez que malaria, l'autre nom du paludisme que vous rencontrerez souvent, notamment en langue anglaise, signifie "mauvais air" en italien (ce n'est qu'au XIX ème siècle qu'on a compris que la maladie était transmise par des piqûres de moustiques et non par l'air). Notez aussi que "palus" en latin signifie "marais" (la maladie était d'ailleurs déjà bien présente dans l'empire romain).

Risque de réimportation, kesako ? Dans certains territoires déclarés indemnes de paludisme, il peut persister un risque de réimportation face auxquelles les autorités des différents pays ont généralement des programmes d'actions spécifiques. C'est aussi pour prévenir ce risque, que le paludisme est une maladie à déclaration obligatoire ! Ainsi pour prendre juste un exemple, en Corse ou dans certaines régions du sud de la France, le moustique Anophèle qui transmet la maladie est présent dans certaines zones, mais le parasite lui ne l'est pas (absence d'hôte humain présent sur le territoire). Cependant, à l'échelle d'un simple voyageur, le risque dans ce cas est nul, vous pouvez donc passer vos vacances en Corse sans crainte de ce côté (de même que dans de nombreuses autres îles déclarés indemnes de paludisme).

Maintenant que vous avez compris quelques petites choses utiles sur l'état actuel du paludisme dans le monde, passons à l'étape suivante encore plus importante : évaluer et éviter les risques de paludisme sur vos prochains itinéraires de voyage. Nous verrons pour cela deux stratégies concrètes : dans la première, on retient uniquement les destinations où le risque est nul (et on verra comment trouver toutes les destinations qui répondent à ce critère), dans la deuxième on apprend comment évaluer les risques dans les pays concernés et comment identifier les zones pour lesquelles le risque est quasi-nul ou très faible. 

Stratégie numéro 1 : rester largement à distance des pays à risque

Certains parents voyageurs privilégient une stratégie préventive radicale : rester largement à distance des zones à risque palustre, et voyager uniquement dans des pays où le risque est nul.

Avantages : c'est la stratégie la plus sûre et elle ne demande que peut d'effort pour s'informer (il faut juste repérer les pays où il n'y a aucun risque de transmission).
Inconvénient : renoncer à quelques destinations.

Certains parents évitent carrément toute la zone intertropicale et préfèrent se cantonner à l'Europe, l'Amérique du Nord, le nord de l'Asie et les pays méridionaux (les plus au Sud) de l'hémisphère sud (Australie, Nouvelle-Zélande, Chili, Argentine...). Il y a déjà de quoi faire et c'est une façon simple d'éviter le risque de paludisme (ainsi en même temps que d'autres risques infectieux que l'on retrouve fréquemment sous les tropiques tel que Dengue, Chikungunya, Zika, etc.).

Cependant, on trouve aussi heureusement en zone inter-tropicale de nombreuses destinations touristiques et souvent insulaires où le risque de paludisme est nul (ce qui ne signifie pas qu'elles soient exemptes d'autres risques infectieux tel que la Dengue). Quelques exemples de destinations tropicales sympathiques en famille, bien connues et sans risque de paludisme : Martinique, Guadeloupe, Seychelles, Ile Maurice, Ile de la Réunion...

Voici la liste des destinations déclarée indemnes de risque paludique (source : cf plus loin BEH 2016)  :
Europe : Tous les pays y compris Açores, Canaries et Chypre
Amérique : Antigua et Barbuda, Antilles néerlandaise, Barbade, Bermudes, Canada, Chili, Cuba, Dominique, Etats-Unis, Guadeloupe, Grenade, îles Caimans, îles Malouines, îles Vierges, Martinique, Saint-Barthélémy, Sainte Lucie, Saint Martin, Tobago et Trinidad, Uruguay
Océanie : Australie, îles Cook, Fidji, Guam, Hawai, Kiribati, Mariannes, Marshall, Micronésie, Nauru, Niué, Nouvelle Calédonie, Nouvelle Zélande, Palau, île de Paques, Polynésie Française, Samoa et Samoas occidentales, Tonga, Tuvalu, Wallis et Futuna
Asie : Arménie, Hong-Kong, îles Christmas,Kasakhstan, Macao, Maldives, Mongolie, Singapour, Bali (en Indonésie)
Proche-orient et péninsule Arabe : Emirats Arabe Unis, Israel, Jordanie, Koweit, Liban, Qatar
Afrique : Egypte, île Maurice, île de la Réunion, île Saint-Hélène, île Seychelles, Lesotho, Maroc, Tunisie.

Stratégie numéro 2 : éviter les zones à risque de manière plus ciblée et avisée

Certains parents privilégient cette deuxième stratégie d'un évitement plus ciblé et avisé, ce qui permet de retenir un plus grand nombre de destinations, en incluant aussi celles dans lesquelles on peut voyager sous certaines conditions avec un risque de paludisme quasiment nul ou très faible, et sans recourir à des traitements médicamenteux préventifs.

Avantages : on s'autorise l'accès à davantage de pays et le risque d'attraper le paludisme reste minime ou très faible
Inconvénients : on consacre généralement un peu plus de temps à s'informer sur la maladie, sa prévention et les éventuelles zones à éviter (ce qui peut être source d'une légère inquiétude, notamment au début).

Dans certains pays, le risque de paludisme peut en effet être localisé à certaines régions précises et s'avérer très faible sur le reste du territoire (quelques cas sporadiques), ou inversement, la majorité du pays peut être à risque mais certaines zones ou villes principales peuvent être épargnées. Dans certaines îles, il peut y avoir aussi une transmission sporadique très faible qui ne justifie pas un traitement préventif. Enfin, dans certains pays, il peut y avoir également des risques à certaines saisons et pas à d'autres.

Le niveau de risque dans l'ensemble de ces destinations partiellement ou faiblement infectées n'est pas le même partout et tout le temps.

On peut essayer de distinguer risque quasiment nul, très faible, faible, modéré ou fort.

On verra ci-dessous des destinations où le risque est quasiment nul : absence de cas déclaré depuis plusieurs années, faible risque uniquement cantonné à de rares zones bien précises, seuls cas récents déclarés dus une réimportation accidentelle (par un voyageur) et sous contrôle. En voici quelques exemples : Argentine, Costa Rica, Jamaïque, Oman...  Comme la situation évolue d'année en année (et heureusement plutôt dans le bon sens actuellement dans la plupart des pays), il est utile de vérifier la date des informations qu'on consulte (exemple : sur certains blogs et guides de voyage en papier, les informations données peuvent remonter à plus d'une dizaine d'année ; leurs auteurs omettent souvent de remettre à jour ces informations, car on les pense à tord un peu figée).

La chose se complique un peu lorsqu'on entre dans l'évaluation des autres niveaux de risque dès lors que celui-ci n'est pas nul (territoire déclaré indemne de paludisme par l'OMS) ou quasi nul.

L'évaluation du niveau de risque d'un voyage dépend en effet de la destination mais aussi du voyageur et des circonstances de son voyage (durée, mode d'hébergement, activités prévues, etc.). Il n'y a pas de méthode scientifique et quantitative pour évaluer précisément ce risque (dès lors que celui-ci n'est pas nul ou quasi-nul). C'est plutôt une affaire de jugement et d'expérience. Et c'est aussi pour cette raison (ce n'est pas seulement qu'une histoire de bien comprendre certaines informations techniques) que les médecins sont la meilleure source de conseil pour vous guider et vous aider à prendre vos décisions (votre médecin traitant, votre pédiatre et éventuellement en complément un spécialiste de médecine du voyage ou de médecine tropicale).

Selon l'évaluation du risque en concertation avec votre médecin , il peut être recommandé, soit aucune mesure particulière, soit certaines mesures pour vous protéger des piqûres de moustiques, soit encore des mesures de protection contre les piqûres de moustique plus un traitement médicamenteux préventif.

Pour éviter ou limiter les risques, le choix de l'itinéraire est important (et c'est bien d'ailleurs le principal objectif de cet article de vous aider à choisir des itinéraire plus sûres). Cependant, dès lors que le risque est présent, même si celui-ci est faible, ce sont aussi les conditions de votre voyage, votre comportement et votre capacité à suivre les mesures de précautions qui vous sont recommandées qui influeront également sur la sûreté de votre voyage.

Pour évaluer le risque moyen d'une zone particulière, il y a plusieurs facteurs qui rentrent en jeu. Pour qu'un moustique transmette le paludisme, il faut qu'il pique au préalable une personne infectée. Ainsi le nombre moyen de personnes infectées dans la population est un paramètre important. Mais il y aussi beaucoup d'autres critères : le nombre et l'activité des moustiques dans une région à un moment donné, la densité de population humaine, son niveau de vie, la mobilité des populations entre territoires (et notamment d'un territoire à risque vers des territoires moins risqués), etc.

A titre d'ordre de grandeur seulement, un risque faible sur un territoire est généralement associé à moins d'une personne contaminée pour 1000 habitants, et un risque très faible à moins d'une personne pour 10 000 habitants. Entre 1 à 10 cas pour 1000 habitants, le risque est modéré et il est élevé au delà de 10 cas pour 1000 habitants.

Quelques exemples de destinations où le risque de paludisme est très faible si l'on s'en tient à certaines zones : Thaïlande, Vietnam, Malaisie, Pérou, Brésil....

Dans ces pays, si l'itinéraire de la famille voyageuse évite soigneusement les éventuelles zones à risque, la prise d'un traitement médicamenteux anti-paludéen préventif est alors généralement déconseillée. Cependant les mesures de protection anti-moustique et de vigilance doivent généralement quand même être renforcées.

Ainsi, dans les zones à risque très faible ou faible ne nécessitant pas de chimio-prophylaxie antipaludique (prévention médicamenteuse), les parents doivent cependant généralement  :
  1. Bien connaître et appliquer les protections personnelles anti-vectorielles adaptés aux adultes et aux enfants (en clair, bien se protéger des piqûres de moustiques)
  2. Consulter le plus tôt possible un médecin si apparition de fièvre pendant le séjour ou au retour (et jusqu'à deux mois après le retour).
  3. Bien préparer son itinéraire et ne pas se rendre par mégarde dans d'éventuelles zones à risques (surtout si on aime voyager au gré de ses envies et des sollicitations diverses et variées une fois sur place). Attention à ne pas s'aventurer trop loin sous prétexte que c'est peut être encore plus beau et sauvage par la-bas...
  4. Etre de manière générale un peu mieux informé sur la maladie (symptômes, traitements...) aussi bien pour ne pas stresser inutilement que pour mieux gérer la situation au cas où.
Avec toutes ces informations et précautions qui précédent en tête, voici la liste des destinations où la transmission du paludisme est suffisamment localisée ou faible pour que l'on puisse y voyager sans traitement préventif (au moins dans certaines zones du pays). Les pays à risque quasiment nul de paludisme (cf source OMS citée plus haut) sont en plus annotée avec une *.

Afrique : Afrique du Sud (sauf Nord-Est), Algérie (zone de faible transmission localisée dans le sud et sud-est uniquement), Cap Vert (transmission sporadique et saisonnière d'août à septembre dans les îles de Santiago et Boa Vista uniquement)
Amérique : Argentine * (pas de cas déclaré depuis 2012 même dans les zones rurales précédemment infectées le long des frontière avec la Bolivie et le Paraguay, et absence de risque aux chutes d'Iguazu), Bahamas (sauf île de Great Exuma suite à quelques cas importés, mais situation sous contrôle), Brésil (sauf Amazonie), Costa Rica * (pas de cas déclaré depuis 2014 et risque très faible uniquement dans province de Limon et pas à Puerto Limon), Equateur (sauf Amazonie), Guyane française (zone côtière sauf Amazonie), Jamaïque * (aucun cas signalé depuis 2010), Mexique (sauf zones rurales du Yucutan et Chiapas principalement), Paraguay * (pas de cas déclaré en 2014 et risque uniquement en zones rurales de l'Est du pays), Pérou (pas de transmission sur la zone littorale et à Lima). De manière générale, toutes les grandes villes du continent américain sont également épargnées sauf en Amazonie.
Proche-orient et péninsule Arabe :  Oman* (pas de cas déclaré en 2014, transmission sporadique récente suite seulement à une importation), Turquie (sauf sud-est de la partie asiatique)
Asie : Azerbaidjan* (pas de cas depuis 2012), Cambodge (Phnom-Pehn et autour du lac Tonle Sap), Chine (sauf région frontalière du sud et certaines zones rurales), Corée du Sud (transmission sporadique de mars à décembre dans le nord et à Incheon uniquement), Géorgie * (pas de cas déclaré en 2014, risque transmission sporadique à l'est en été uniquement), Malaisie (zones urbaines et côtières), Népal (sauf Terai), Ouzbékistan * (pas de cas déclaré en 2014, risque transmission saisonnière de juin à octobre dans certains villages du sud et de l'est uniquement), Sri Lanka * (pas de cas déclaré en 2014, faible risque dans certaines régions seulement), Thailande (sauf régions frontalières avec Cambodge, Laos, Myanmar et Malaisie), Vietnam (bande cotière et deltas). De manière générales, toutes les grandes villes du continent asiatique sauf en Inde sont également épargnées.

Voici la principale source d'information officielle en France à consulter pour s'informer sur le risque de paludisme dans tous les pays du monde ainsi que les recommandations associées en terme de moyen de prévention : BEH hors-série - Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2016.
Le document est mis à jour et réédité tous les ans au mois de juin par l'institut de veille sanitaire (le tableau ci-dessous est cependant inchangé entre 2015 et 2016). C'est une source de référence qui sert à la fois aux professionnels de santé et aux institutions publiques qui ont parfois besoin de relayer de l'information sur les risques de paludisme à l'étranger.











Quid des autres destinations et zones plus à risque ?

Certains pays, principalement situés en Afrique (Côte d'Ivoire, Cameroun...) sont à fort risque palustre toute l'année et partout. D'autres pays sont partiellement à risque. Quid si on veut ou doit quand même se rendre dans ces zones à risque ?

Les autorités de santé déconseillent les voyages de loisir avec de jeunes enfants dans les zones impaludées pour plusieurs raisons : le risque de forme grave du paludisme est majoré chez les jeunes enfants, les traitements préventifs ne sont pas efficaces à 100% et pas tous disponibles au format pédiatrique, les médicaments ont souvent des effets secondaires, la prise du traitement préventif et les mesures de protection ne sont pas forcément facile à faire respecter à un jeune enfant, les répulsifs anti-moustiques comportent des risques sur les enfants très jeunes et doivent être utilisés avec parcimonie, etc. 

Cependant si certains parents ont besoin ou prévoient quand même de se rendre dans certaines destinations impaludées, ils doivent alors d'autant plus et mieux s'informer sur la maladie pour apprendre à s'en prémunir et se faire accompagner d'un médecin qui définira avec eux toutes les mesures nécessaires et la chimio-prophylaxie adaptée (médicaments anti-palus préventifs).

Dans les facteurs de risques à prendre en compte (si vous devez faire des recherches sur des destinations totalement ou partiellement impaludées), on retiendra également deux points importants :
  • selon les zones, les espèces de parasite responsables de la maladie et leur taux de présence ne sont pas tout à fait les même. L'infection par le parasite de type plasmodium falciparum (malheureusement assez courant) est responsable des crises les plus graves et mortelles. L'infection par le plasmodium de type vivax (relativement courant aussi) donne lieu généralement à des formes moins graves de la maladie mais qui deviennent parfois chroniques (dont on ne guérit pas complètement et qui donne lieu à des crises ponctuelles).
  • dans certaines zones les plasmodiums sont signalés comme pouvant être "multi-résistant aux médicaments anti-paludéen" ce qui accroît alors le risque de développer la maladie.

Comment accéder à une information géographique plus détaillée sur les risques de paludisme ?

En utilisant conjointement les différents outils que nous allons voir ci-dessous, vous pourrez vous faire plus rapidement une vision plus précise du risque palustre concernant une destination qui vous intéresse. L'idée de "croiser les sources d'information" est ici importante.

Demandez toujours l'avis d'un médecin (ou même de plusieurs) et informez-le de votre projet de voyage. Il pourra vous aider à mieux comprendre les risques (on peut parfois trop ou au contraire pas assez s'inquiéter ou s'alarmer devant certains descriptions médicales un peu techniques). Il pourra vous recommander les mesures de protection les plus adéquates, et prendre en compte les particularités ou les fragilités éventuelles des membres de votre famille. Votre médecin traitant et votre pédiatre ont l'avantage de bien vous connaître. En complément, pour certains longs voyages ou destinations plus à risque, prendre rendez-vous dans un centre de médecine du voyage et de vaccination internationale peut également être intéressant.

Les guides de voyage et les agences de voyage vous donnent généralement un premier niveau d'information utile car ils essaient de répondre aux besoins et préoccupations des touristes. L'information délivrée est par nature moins technique et aussi moins alarmante que les sources officielles qui sont généralement plus exhaustives en décrivant tous les risques présents sur un territoire (y compris dans des zones pas ou très peu fréquentées des touristes) et qui s'adressent à tous les types de voyageurs (tourisme, mais aussi longs séjours dans l' humanitaire, expatriation, etc.).

Sur place, les locaux, les expatriés ou d'autres voyageurs peuvent aussi parfois vous informer sur la situation locale et sur les précautions en usage.

Utilisez toutes les sources d'information dont vous disposez, mais en cas de contradiction privilégiez quand même les sources les plus fiables en matière de santé et les décisions les plus prudentes (principe de précaution), a fortiori avec de jeunes enfants.

Les sources d'informations suivantes, dont l'autorité est reconnue, vous aideront à vous faire une idée relativement factuelle et précise du niveau de risque concernant le paludisme : 

1) Le tableau de l'INVS (Institut de Veille Sanitaire) déjà présenté plus haut dans cet article et édité chaque année (ou presque) qui fait référence en France (pour les professionnels de santé et les instituions). En cas de doute sur la mise à jour de certaines informations sur un autre site, il est conseillé de s'y reporter.

2) Les fiches pays du site de France Diplomatie est un point de passage obligé et en tout cas recommandé à tous les voyageurs français pour se tenir à jour des principaux risques d'une destination (politique, sécurité, santé, climat...). Leurs onglets "santé" fournissent un premier niveau d'information. Les mesures de protection génériques contre le paludisme sont rappelées et quelques spécificités et recommandations propres à la situation locale sont généralement ajoutées en fin de paragraphe (bien lire donc jusqu'au bout le paragraphe relatif au paludisme).

3) L'application Metis de l'institut Pasteur de Lille : elle vous permet de visualiser sur une carte dynamique et interactive les principaux risques infectieux : paludisme (mais aussi : dengue, chikungunya...). Métis vous donne une vue d'ensemble intéressante notamment si vous préparez un voyage itinérant. De plus, visualiser les zones à risque sur une carte est plus facile et plus précis que les descriptions strictement textuelles qui mentionnent des noms de région ou de villes dont on n'a peut-être jamais entendu parler. Les indications fournies sont aussi conformes aux recommandations de l'INVS et du Haut Conseil de la Santé Publique. Le site de France Diplomatie redirige également vers cette application Metis.

4) Les fiches pays du site Astrium.com : vous trouverez des tableaux synthétiques sur les risques santé et moyens de prévention par pays, et en déroulant chaque fiche vous trouverez un peu plus bas un lien vers des cartes détaillés du niveau de risques liées au paludisme dans les différentes zones ou régions du pays décrit (avec l'indication si le traitement préventif anti-paludisme est généralement conseillé ou pas pour ces zones). C'est un bon moyen pour les voyageurs de zoomer localement sur les risques liés au paludisme dans certains pays où la situation est complexe. Ce site de santé/médecine du voyage est bien établi, opéré par une petite entreprise française depuis 1997 et dirigé par un médecin.

5) Les fiches pays de l'OMS (en anglais) : plus détaillées localement mais aussi plus techniques à lire. L'OMS (Organisation mondiale de la Santé) publie en effet sur chaque pays un suivi épidémiologique du paludisme relativement détaillé (deux cartes en première partie de fiche) avec une échelle locale plus fine et une indication sur la proportion d'infection par l'espèce la plus dangereuse du parasite responsable de la maladie : le Plasmodium Falciparum. La deuxième partie des fiches en revanche est moins intéressante sur le plan pratique pour le voyageur car elle concerne les politiques et investissement publiques de lutte contre la maladie.

Autres facteurs géographiques à connaître concernant le risque de paludisme

Si vous vous rendez dans des zones géographiques où le risque de transmission du paludisme existe (même s'il est faible), ces trois facteurs géographiques sont également à connaître :
  • La saison : le risque augmente lors de la saison des pluies (ou mousson) qui facilite la prolifération des moustiques. Le risque de transmission de la maladie augmente alors, avec souvent un pic à la fin de la saison des pluies.
  • L'altitude La transmission diminue aux altitudes auxquelles les moustiques anophèles ne peuvent pas se reproduire facilement (au-dessus de 2 000 à 3 000 mètres, selon l'endroit). C'est vrai, mais cependant n'oubliez pas que ces altitudes ne sont de toute façon pas recommandées avec des enfants en bas-âge.
  • Zone rurale ou urbaine : le risque est généralement plus élevé dans les régions rurales (car les moustiques du genre anophèle qui transmettent le paludisme sont plus adaptés au milieu rural). Ainsi dans de nombreuses zones urbaines de l'Asie du Sud-Est et de l'Amérique centrale et du Sud, le risque est en effet minime voire nul. Cependant dans les zones de forte transmission de la maladie : Afrique sub-saharienne et sous-continent indien notamment, le risque peut rester quand même important en zone urbaine.
Vous voilà paré pour éviter autant que possible les zones à risque de paludisme (ce qui était l'objectif de cet article). Deux stratégies sont possibles : éviter tous les pays qui ne sont pas déclarés indemnes de paludisme ou éviter de manière plus ciblée les zones à risques dans certains pays.

A retenir sur le paludisme :
  1. Savoir que le paludisme est une maladie grave, dangereuse et parfois mortelle, notamment (risque accru) pour les enfants en bas âge et les femmes enceintes. Retenir aussi que les autorités et professionnels de santé déconseillent les voyages de loisir en zones impaludées pour ces deux types de public. 
  2. Savoir en pratique comment repérer et éviter les pays ou les zones à risque de paludisme (stratégie 1 ou 2 vues ci-dessus).
  3. Prendre le le temps d'en apprendre davantage sur la maladie et les techniques de prévention dès lors que vous prévoyez de vous rendre dans des zones où le risque existe, même si celui-ci est faible et qu'un traitement préventif n'est pas nécessaire.
  4. Discuter dans tous les cas de votre projet de voyage avec un médecin.